Déjà sur les coteaux les brumes de l'Automne
Etendent chaque soir leurs voiles ténébreux
Et les arbres jaunis ont l'aspect monotone
De nos plaisirs passés dans les jours malheureux.
Le Ciel est confondu aux couleurs de la Terre
Un nuage léger arrête nos regards
Et le bois assombri semble plus solitaire
Quand il a revêtu la robe des brouillards.
Les yeux cherchent en vain les lueurs grandioses
Des crépuscules d'or dans les cieux embrasés
Son image s'efface et les brumes moroses
Jalouses du Soleil nous cachent ses clartés.
Il semble que la Mort de son baiser de glace
A touché la Nature et ses riants atours
Ainsi dans notre coeur tout change et tout s'efface
Sous le baiser trompeur des farouches amours.
Il est un âge aussi au déclin de la Vie
Où de nos souvenirs les voiles nébuleux
Nous cachent les beautés d'une extase ravie
Où le regret en deuil sait attrister nos yeux.
Nous pleurons le Passé et des larmes amères
Expliquent nos chagrins et nos grands désespoirs
Nous pleurons et nos coeurs se fermant aux chimères
Veulent aimer encor dans le calme des soirs.
L'Amour sur nos désirs tel les brumes d'Automne
Etend comme un linceul ses voiles ténébreux
Et tremblante d'émoi notre lèvre fredonne
Les refrains qu'on chantait dans les jours bienheureux.