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Poésies!
Nuit De Septembre.
Extrait Des Poésies Completes

Par Honoré Harmand







C'était dans la nuit d'un jour de septembre
Que Pierrot tremblant entra dans ma chambre
Me conter ses maux
Et ses yeux pleuraient d'innocentes larmes
Et son coeur meurtri disait les alarmes
Des coeurs en lambeaux

Il avait perdu sa douce Pierrette
Enfant aux beaux yeux, fragile conquête
Au sein du Plaisir
Offre du destin que la mort réclame
Baiser de l'amour et enivrante flamme
Faite d'un désir

Ils s'aimaient bien fort dans une mansarde
Où se balançait dans la lueur blafarde
D'un pâle flambeau
Mais il suffisait, et dans leur détresse
Ils vivaient heureux dans une caresse
Que le monde est beau

Ils vivaient heureux mais dans cette vie
Où dans la douleur l'extase ravie
Passe tristement
Il existe peu de bonheur durable
La même sentence atteint le coupable
Comme l'innocent

Il me raconta son touchant poème
A peine ébauché et sa face blême
Disant sa douleur
N'avait plus le feu des douces caresses
Songes effacés, suaves promesses
Que dicte le coeur

Je le consolais mais peine perdue
Le pauvre Pierrot de la disparue
Conservait le deuil
D'un consolateur la caresse vaine
Ne peut protéger la faiblesse humaine
Des lois du cercueil

Puis sous ses yeux bleus j'ouvris un grand livre
Où j'avais écrit comment on doit vivre
Dans les jours d'ennuis
Il lut mon passé mes heures suprêmes
Les pages d'amour sont toutes les mêmes
Aux yeux de l'oubli

Le vent agitait les feuilles jaunies
Emblèmes frappants dont les agonies
Expliquent le sort
Pierrot regardant la route jonchée
Me dit « la nature est-elle touchée
Aussi de la mort ? »

Mais quand de l'hiver les tristes ravages
Ont tout effeuillé et que les orages
Semblent disparus
Aux clartés du jour tout semble renaître
En est-il ainsi des lois de notre être
Quand l'homme n'est plus

Dans un lieu plus pur chante-t-il sa gloire
Est-il pour la lutte un peu de victoire
Au pauvre mortel
Tout ce qui s'éteint qui meurt sur la terre
Dans une autre vie a-t-il sa chimère
L'azur d'un beau ciel

Ou bien malheureux dans un autre monde
Voit-il s'écouler la source profonde
Des grands désespoirs
D'un signe fatal marque-t-il la page
Où se dessinait la suprême image
De ses rêves noirs

Puis un grand silence aux lourdes caresses
Du pauvre Pierrot grandit les tristesses
De peine et d'effroi
Les feuilles mortes frappant aux fenêtres
Semblaient expliquer ce que sont les êtres
Comme lui et moi.

©Copyright 2007

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