Poésies. Par Nicolas Boileau (1636-1711) TABLE DES MATIERES À Madame La Présidente De Lamoignon. Amitié Fidèle. Chanson A Boire I. Chanson A Boire I. Chanson A Boire II. Énigme. Épitaphe De M. Arnauld. Épitaphe. Le Bûcheron Et La Mort. Nourri Dès Le Berceau. . . Plaintes Contre Les Tuileries. Stances A Molière. Sur Homère. Vers Pour Mademoiselle Lamoignon. Vers Pour Mon Père. Vers Pour Tavernier. Vers Sur Marie Poncher De Brétouville. Vers A Mettre En Chant. Épitaphe D'Arnauld. Ode Sur Un Bruit Qui Courut, En 1656. Epigrames. À Climène. Contre Saint Sorlin. Sur l'Agésilas De P. Corneille. Sur l'Attila Du Même. À Racine. Contre Linière. Sur Une Satire De L'Abbé Cotin. Contre L'Abbé Cotin. À Pradon Et Bonnecorse. Sur La Fontaine De Bourbon. Sur La Manière De Réciter Du Poète Santeuil. Epigrame Imitée De Martial. A Monsieur Perrault I. A Monsieur Perrault II. A Monsieur Perrault III. A Monsieur Perrault IV. À Un Médecin. Sur Ce Qu’On Avait Lu A L’Académie I Sur Ce Qu’On Avait Lu A L’Académie II Sur Ce Qu’On Avait Lu A L’Académie III Parodie burlesque de la première ode de Pindare. Sur La Réconciliation De L’Auteur Et De Perrault. L'Amateur D'Horloges. À Madame La Présidente De Lamoignon. (Sur le portrait du P. Bourdaloue qu'elle lui envoya.) Du plus grand orateur dont la chaire se vante, M'envoyer le portrait, illustre présidente, C'est me faire un présent qui vaut mille présents. J'ai connu Bourdaloue; et dès mes jeunes ans Je fis de ses sermons mes plus chères délices. Mais lui, de son côté, lisant mes vains caprices, Des censeurs de Trévoux n'eut point pour moi les yeux. Ma franchise surtout gagna sa bienveillance. Enfin, après Amauld, ce fut l'illustre en France Que j'admirai le plus et qui m'aima le mieux. Amitié Fidèle. (Sur la mort d'Iris en 1654.) Parmi les doux transports d'une amitié fidèle, Je voyais près d'Iris couler mes heureux jours: Iris que j'aime encore, et que j'aimerai toujours, Brûlait des mêmes feux dont je brûlais pour elle: Quand, par l'ordre du ciel, une fièvre cruelle M'enleva cet objet de mes tendres amours; Et, de tous mes plaisirs interrompant le cours, Me laissa de regrets une suite éternelle. Ah! qu'un si rude coup étonna mes esprits! Que je versais de pleurs! que je poussais de cris! De combien de douleurs ma douleur fut suivie! Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi: Et, bien qu'un triste sort t'ait fait perdre la vie, Hélas! en te perdant j'ai perdu plus que toi. Chanson A Boire I. Philosophes rêveurs, qui pensez tout savoir, Ennemis de Bacchus, rentrez dans le devoir: Vos esprits s'en font trop accroire. Allez, vieux fous, allez apprendre à boire. On est savant quand on boit bien: Qui ne sait boire ne sait rien. S'il faut rire ou chanter au milieu d'un festin, Un docteur est alors au bout de son latin: Un goinfre en a toute la gloire. Allez, vieux fous, allez apprendre à boire. On est savant quand on boit bien: Qui ne sait boire ne sait rien. Chanson A Boire II. Soupirez jour et nuit sans manger et sans boire; Ne songez qu'à souffrir; Aimez, aimez vos maux, et mettez votre gloire À n'en jamais guérir. Cependant nous rirons Avecque la bouteille, Et dessous la treille Nous la chérirons. Si sans vous soulager une aimable cruelle Vous retient en prison, Allez aux durs rochers, aussi sensibles qu'elle? En demander raison. Cependant nous rirons Avecque la bouteille, Et dessous la treille Nous la chérirons. Chanson A Boire III. (Écrite à Bâville où était le P. Bardaloue, 1672.) Que Bâville me semble aimable, Quand des magistrats le plus grand Permet que Bacchus à sa table Soit notre premier président! Trois muses, en habit de ville, Y président à ses côtés: Et ses arrêts par Arbouville Sont à plein verre exécutés. Si Bourdaloue un peu sévère Nous dit, Craignez la volupté; Escobar, lui dit-on, mon Père, Nous la permet pour la santé. Contre ce docteur authentique Si du jeûne il prend l'intérêt, Bacchus le déclare hérétique, Et janséniste, qui pis est. Énigme. Du repos des humains implacable ennemie, J'ai rendu mille amants envieux de mon sort. Je me repais de sang, et je trouve ma vie Dans les bras de celui qui recherche ma mort. Épitaphe de M. Arnauld. (En mémoire à Arnauld.) Au pied de cet autel de structure grossière, Gît sans pompe, enfermé dans une vile bière, Le plus savant mortel qui jamais ait écrit; Arnauld, qui, sur la grâce instruit par Jésus-Christ, Combattant pour l'Église, a, dans l'Église même, Souffert plus d'un outrage et plus d'un anathème. Plein du feu qu'en son coeur souffla l'Esprit divin, Il terrassa Pelage, il foudroya Calvin, De tous les faux docteurs confondit la morale. Mais, pour fruit de son zèle, on l'a vu rebuté, En cent lieux opprimé par leur noire cabale, Errant, pauvre, banni, proscrit, persécuté; Et même par sa mort leur fureur mal éteinte N'aurait jamais laissé ses cendres en repos, Si Dieu lui-même ici de son ouaille sainte À ces loups dévorants n'avait caché les os. Épitaphe. (Épitaphe de la mère de l'auteur.) Épouse d'un mari doux, simple, officieux, Par la même douceur je sus plaire à ses yeux: Nous ne sûmes jamais ni railler ni médire. Passant, ne t'enquiers point si de cette bonté Tous mes enfants ont hérité; Lis seulement ces vers, et garde-toi d'écrire. Le Bûcheron Et La Mort. Le dos chargé de bois, et le corps tout en eau, Un pauvre bûcheron, dans l'extrême vieillesse, Marchait en haletant de peine et de détresse. Enfin, las de souffrir, jetant là son fardeau, Plutôt que de s'en voir accablé de nouveau, II souhaite la Mort, et cent fois il l'appelle. La Mort vint à la fin: Que veux-tu? cria-t-elle. Qui? moi! dit-il alors prompt à se corriger: Que tu m'aides à me charger. Nourri dès le berceau. . . (Sonnet sur une de ses parentes qui mourût toute jeune entre les mains d'un charlatan.) Nourri dès le berceau près de la jeune Orante, Et non moins par le coeur que par le sang lié, A ses jeux innocents enfant associé, Je goûtais les douceurs d'une amitié charmante: Quand un faux Esculape, à cervelle ignorante, A la fin d'un long mal vainement pallié, Rompant de ses beaux jours le fil trop délié, Pour jamais me ravit mon aimable parente. Ah! qu'un si rude coup me fit verser de pleurs! Bientôt, la plume en main, signalant mes douleurs, Je demandais raison d'un acte si perfide. Oui, j'en fis dès quinze ans ma plainte à l'univers: Et l'ardeur de venger ce barbare homicide Fut le premier démon qui m'inspira des vers. Plaintes Contre Les Tuileries. Agréables jardins où les Zéphyrs et Flore Se trouvent tous les jours au lever de l'Aurore; Lieux charmants qui pouvez dans vos sombres réduits, Des plus tristes amants adoucir les ennuis, Cessez de rappeler, dans mon âme insensée, De mon premier bonheur la gloire enfin passée. Ce fut, je m'en souviens, dans cet antique bois Que Philis m'apparut pour la première fois. C'est ici que souvent, dissipant mes alarmes, Elle arrêtait d'un mot mes soupirs et mes larmes. Et que me regardant d'un oeil si gracieux, Elle m'offrait le ciel, ouvert dans ses beaux yeux. Aujourd'hui cependant, injustes que vous êtes, Je sais qu'à mes rivaux vous prêtez vos retraites, Et qu'avec elle assis sur vos tapis de fleurs, Ils triomphent contents de mes vaines douleurs. Allez, jardins dressés par une main fatale, Tristes enfants de l'art du malheureux Dédale, Vos bois, jadis pour moi si charmants et si beaux; Ne sont plus qu'un désert, refuge des corbeaux; Qu'un séjour infernal où cent mille vipères, Tous les jours, en naissant, assassinent leurs mères. Stances A Molière. (Sur sa comédie L'école des femmes.) En vain mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris Censurer ton plus bel ouvrage: Sa charmante naïveté S'en va pour jamais, d'âge en âge, Divertir la postérité. Que tu ris agréablement! Que tu badines savamment! Celui qui sut vaincre Numance, Qui mit Cartilage sous sa loi, Jadis sous le nom de Térence, Sut-il mieux badiner que toi? Ta muse avec utilité Dit plaisamment la vérité; Chacun profite à ton École: Tout en est beau, tout en est bon; Et ta plus burlesque parole Vaut souvent un docte sermon. Laisse gronder tes envieux: Ils ont beau crier en tous lieux Qu'en vain tu charmes le vulgaire, Que tes vers n'ont rien de plaisant. Si tu savais un peu moins plaire, Tu ne leur déplairais pas tant. Sur Homère. Quand, la dernière fois, dans le sacré vallon, La troupe des neuf soeurs, par l'ordre d'Apollon, Lut l'Iliade et l'Odyssée; Chacune à le louer se montrant empressée: Apprenez un secret qu'ignore l'univers, Leur dit alors le dieu des vers: Jadis avec Homère, aux rives du Permesse, Dans ce bois de lauriers où seul il me suivait, Je les fis toutes deux, plein d'une douce ivresse. Je chantais, Homère écrivait. Vers Pour Mademoiselle Lamoignon. (Vers pour mettre en bas du portait de Mlle de Lamoignon.) Aux sublimes vertus nourrie en sa famille, Cette admirable et sainte fille En tous lieux signala son humble piété; Jusqu'aux climats où naît et finit la clarté, Fit ressentir l'effet de ses soins secourables; Et, jour et nuit pour Dieu pleine d'activité, Consuma son repos, ses biens et sa santé, A soulager les maux de tous les misérables. Vers Pour Mon Père. (Vers pour mettre en bas du portrait de son père.) Ce greffier doux et pacifique De ses enfants au sang critique N'eut point le talent redouté: Mais, fameux par sa probité, Reste de l'or du siècle antique, Sa conduite, dans le palais Partout pour exemple citée, Mieux que leur plume si vantée Fit la satire des Rolets. Vers Pour Tavernier. (Vers pour mettre en bas du portrait de Tavernier.) De Paris à Dehli, du couchant à l'aurore, Ce fameux voyageur courut plus d'une fois: De l'Inde et de l'Hydaspe il fréquenta les rois; Et sur les bords du Gange on le révère encore. En tous lieux sa vertu fut son plus sûr appui; Et, bien qu'en nos climats de retour aujourd'hui En foule à nos yeux il présente Les plus rares trésors que le soleil enfante, II n'a rien apporté de si rare que lui. Vers Sur Marie Poncher De Brétouville. (Mis en musique par Lambert en 1671.) Voici les lieux charmants où mon âme ravie Passait à contempler Silvie Les tranquilles moments si doucement perdus. Que je l'aimais alors! Que je la trouvais belle! Mon coeur, vous soupirez au nom de l'Infidèle: Avez-vous oublié que vous ne l'aimez plus? C'est ici que souvent, errant dans les prairies, Ma main, des fleurs les plus chéries Lui faisait des présents si tendrement reçus. Que je l'aimais alors! Que je la trouvais belle! Mon coeur, vous soupirez au nom de l'infidèle: Avez-vous oublié que vous ne l'aimez plus? Vers A Mettre En Chant. Voici les lieux charmants où mon âme ravie Passait à contempler Silvie Les tranquilles moments si doucement perdus. Que je l’aimais alors, que je la trouvais belle! Mon coeur, vous soupirez au nom de l’infidèle: Avez-vous oublié que vous ne l’aimez plus? C’est ici que souvent, errant dans les prairies, Ma main des fleurs les plus chéries Lui faisait des présents si tendrement reçus. Que je l’aimais alors, que je la trouvais belle! Mon coeur, vous soupirez au nom de l’infidèle: Avez-vous oublié que vous ne l’aimez plus? Épitaphe D’Arnauld. Au pied de cet autel de structure grossière Gît sans pompe, enfermé dans une vile bière, Le plus savant mortel qui jamais ait écrit; Arnauld, qui, sur la grâce instruit par Jésus-Christ, Combattant pour l’Église, a, dans l’Église même, Souffert plus d’un outrage et plus d’un anathème. Plein du feu qu’en son coeur souffla l’Esprit divin, Il terrassa Pélage, il foudroya Calvin; De tous les faux docteurs confondit la morale; Mais, pour fruit de son zèle, on l’a vu rebuté, En cent lieux opprimé par leur noire cabale; Errant, pauvre, banni, proscrit, persécuté; Et même par sa mort leur fureur mal éteinte N’aurait jamais laissé ses cendres en repos, Si Dieu lui-même ici de son ouaille sainte À ces loups dévorants n’avait caché les os. Ode Sur Un Bruit Qui Courut, En 1656, Que Cromwell Et Les Anglais Allaient Faire La Guerre A La France. Quoi! ce peuple aveugle en son crime, Qui, prenant son roi pour victime, Fit du trône un théâtre affreux, Pense-t-il que le ciel, complice D’un si funeste sacrifice, N’a pour lui ni foudres ni feux? Déjà sa flotte à pleines voiles, Malgré les vents et les étoiles, Veut maîtriser tout l’univers, Et croit que l’Europe étonnée A son audace forcenée Va céder l’empire des mers. Arme-toi, France; prends la foudre. C’est à toi de réduire en poudre Ces sanglants ennemis des lois. Suis la victoire qui t’appelle, Et va sur ce peuple rebelle Venger la querelle des rois. Jadis on vit ces parricides, Aidés de nos soldats perfides, Chez nous, au comble de l’orgueil, (1) Briser tes plus fortes murailles; Et par le gain de vingt batailles, Mettre tous tes peuples en deuil. Mais bientôt le ciel en colère, Par la main d’une humble bergère, (2) Renversant tous leurs bataillons, Borna leurs succès et nos peines: Et leurs corps pourris, dans nos plaines, N’ont fait qu’engraisser nos sillons. (3) (1) Pendant le règne de l’infortuné Charles VI. (2) Jeanne d’Arc. (3) Je n’avais que dix-huit ans quand je fit cette ode; mais je l’ai raccommodée. Boileau. * * * Epigrames. À Climène. Tout me fait peine, Et depuis un jour Je crois, Climène, Que j'ai de l'amour. Cette nouvelle Vous met en courroux. Tout beau, cruelle, Ce n'est pas pour vous! Contre Saint Sorlin. Dans le palais, hier Bilain Voulait gager contre Ménage Qu'il était faux que Saint Sorlin Contre Arnauld eût fait un ouvrage. Il en a fait, j'en sais le temps, Dit un des plus fameux libraires. Attendez, c'est depuis vingt ans, On en tira cent exemplaires. C'est beaucoup! dis-je en m'approchant, La pièce n'est pas si publique! Il faut compter, dit le marchand, Tout est encore dans ma boutique. Sur L'Agésilas De P. Corneille. J'ai vu l'Agésilas, Hélas! Sur L'Attila Du Même. Après l'Agésilas, Hélas! Mais après l'Attila, Holà! A Monsieur Racine. Racine, plains ma destinée! C’est demain la triste journée Où le prophète Desmarets, Armé de cette même foudre Qui mit le Port-Royal en poudre, Va me percer de mille traits. C’en est fait! mon heure est venue. Non que ma muse, soutenue De tes judicieux avis, N’ait assez de quoi le confondre: Mais, cher ami, pour lui répondre, Hélas! il faut lire Clovis. Contre Linière. Linière apporte de Senlis Tous les mois trois couplets impies. À quiconque en veut dans Paris Il en présente des copies: Mais ses couplets, tout pleins d’ennui, Seront brûlés, même avant lui. Sur Une Satire Très-Mauvaise, Que L'Abbé Cotin Avait Faite, Et Qu'Il Faisait Courir Sous Mon Nom. En vain par mille et mille outrages Mes ennemis, dans leurs ouvrages, Ont cru me rendre affreux aux yeux de l’univers. Cotin, pour décrier mon style, À pris un chemin plus facile: C’est de m’attribuer ses vers. Contre L'Abbé Cotin. À quoi bon tant d’efforts, de larmes et de cris, Cotin, pour faire ôter ton nom de mes ouvrages? Si tu veux du public éviter les outrages, Fais effacer ton nom de tes propres écrits. À M. Pradon Et Bonnecorse, Qui Firent En Même Temps Paraître Contre Moi Chacun Un Volume D'Injures. Venez, Pradon et Bonnecorse, Grands écrivains de même force, De vos vers recevoir le prix; Venez prendre dans mes écrits La place que vos noms demandent. Linière et Perrin vous attendent. Sur La Fontaine De Bourbon, Où L'Auteur Etait Allé Prendre Les Eaux, Et Où Il Trouva Un Poète Médiocre, Qui Lui Montra Des Vers De Sa Façon. (Il s'adresse à la fontaine.) Oui, vous pouvez chasser l'humeur apoplectique, Rendre le mouvement au corps paralytique, Et guérir tous les maux les plus invétérés: Mais quand je lis ces vers par votre onde inspirés, Il me parait, admirable fontaine, Que vous n'eûtes jamais la vertu d'Hippocrène. Sur La Manière De Réciter Du Poète Santeuil. Quand j’aperçois sous ce portique Ce moine au regard fanatique, Lisant ses vers audacieux, Faits pour les habitants des cieux, Ouvrir une bouche effroyable, S’agiter, se tordre les mains, II me semble en lui voir le diable Que Dieu force à louer les saints. Epigrame Imitée De Martial,Qui Commence Par Nuper Erat Medicus, Etc. Paul ce grand médecin, l’effroi de son quartier, Qui causa plus de maux que la peste et la guerre, Est curé maintenant, et met les gens en terre: Il n’a point changé de métier. A Monsieur Perrault, Sur Les Livres Qu’Il A faits Contre Les Anciens I. Pour quelque vain discours sottement avancé Contre Homère, Platon, Cicerón ou Virgile, Caligula partout fut traité d’insensé, Néron de furieux, Adrien d’imbécile. Vous donc qui, dans la même erreur, Avec plus d’ignorance et non moins de fureur, Attaquez ces héros de la Grèce et de Rome, Perrault, fussiez-vous empereur, Comment voulez-vous qu’on vous nomme? A Monsieur Perrault, Sur Les Livres Qu’Il A Faits Contre Les Anciens II. D’où vient que Cicerón, Platon, Virgile, Homère, Et tous ces grands auteurs que l’univers révère, Traduits dans vos écrits nous paraissent si sots? Perrault, c’est qu’en prêtant à ces esprits sublimes Vos façons de parler, vos bassesses, vos rimes, Vous les faites tous des Perraults. A Monsieur Perrault III. Le bruit court que Bacchus, Junon, Jupiter, Mars, Apollon, le dieu des beaux arts; Les Ris même, les Jeux, les Grâces et leur mère, Et tous les dieux enfants d’Homère, Résolus de venger leur père, Jettent déjà sur vous de dangereux regards. Perrault, craignez enfin quelque triste aventure: Comment soutiendrez-vous un choc si violent? Il est vrai, Visé vous assure Que vous avez pour vous Mercure; Mais c’est le Mercure galant. A Monsieur Perrault IV. Ton oncle, dis-tu, l’assassin M’a guéri d’une maladie: La preuve qu’il ne fut jamais mon médecin, C’est que je suis encor en vie. A Un Médecin. Oui, j’ai dit dans mes vers qu’un célèbre assassin, Laissant de Galien la science infertile, D’ignorant médecin devint maçon habile: Mais de parler de vous je n’eus jamais dessein, Lubin; ma muse est trop correcte. Sur Ce Qu’On Avait Lu A L’Académie Des Vers Contre Homère Et Virgile I. Clio vint l’autre jour se plaindre au dieu des vers Qu’en certain lieu de l’univers On traitait d’auteurs froids, de poètes stériles, Les Homères et les Virgiles. Cela ne saurait être; on s’est moqué de vous, Reprit Apollon en courroux: Où peut-on avoir dit une telle infamie? Est-ce chez les Hurons, chez les Topinambous? — C’est à Paris. — C’est donc dans l’hôpital des fous? — Non; c’est au Louvre, en pleine Académie. Sur Ce Qu’On Avait Lu A L’Académie Des Vers Contre Homère Et Virgile II. J’ai traité de Topinambous Tous ces beaux censeurs, je l’avoue, Qui, de l’antiquité si follement jaloux, Aiment tout ce qu’on haït, blâment tout ce qu’on loue; Et l’Académie, entre nous, Souffrant chez soi de si grands fous, Me semble un peu Topinamboue. Sur Ce Qu’On Avait Lu A L’Académie Des Vers Contre Homère Et Virgile III. Ne blâmez pas Perrault de condamner Homère, Virgile, Aristote, Platon: II a pour lui monsieur son frère, Lavau, Caligula, Néron, Et le gros Charpentier, dit-on. Parodie Burlesque De La Premiere Ode De Pindare, À La Louange De M. Perrault. Malgré son fatras obscur, Souvent Brébeuf étincelle: Un vers noble, quoique dur, Peut s’offrir dans la Pucelle. Mais, ô ma lyre fidèle, Si du parfait ennuyeux Tu veux trouver le modèle, Ne cherche point dans les cieux D’astre au soleil préférable; Ni dans la foule innombrable De tant d’écrivains divers Chez Coignard rongés des vers, Un poète comparable À l’auteur inimitable De Peau-d’Ane mis en vers. J’avais résolu de parodier l’ode; mais dans ce temps-là nous nous raccommodâmes M. Pérrault et moi. Ainsi il n’y eut que ce couplet de fait. (Boil.) Sur La Réconciliation De L’Auteur Et De Perrault. Tout le trouble poétique A Paris s’en va cesser; Perrault l’antipindarique, Et Despréaux l’homérique, Consentent de s’embrasser. Quelque aigreur qui les anime, Quand, malgré l’emportement, Comme eux l’un l’autre on s’estime, L’accord se fait aisément. Mon embarras est comment On pourra finir la guerre De Pradon et du parterre. L'Amateur D'Horloges. Sans cesse autour de six pendules, De deux montres, de trois cadrans, Lutin, depuis trente et quatre ans, Occupe ses soins ridicules. Mais à ce métier, s'il vous plaît, A-t-il acquis quelque science? Sans doute; et c'est l'homme de France Qui sait le mieux l'heure qu'il est! Source: http://www.poesies.net