I
Le temps lent et monotone,
Dans le silencieux automne,
D'un immense soleil d'or,
En larme en aiguille, bleu
Dans l'ombre couleur de feu,
Pèse à la mer qu' il endort.
II
Son long torrent d'amertume,
Dans l'ombre couleur de brume,
En pâle scintillement,
D'une lueur inouïe,
Fait d'une larme de pluie,
Briller comme un diamant,
III
L'ocean bleu pale et livide
Vague comme un papillon vide,
Qui sous l'azur fait une fleur
Sur la lumière que ternit
L'immensité noire de nuit
De ce feu pâle de couleur.
IV
Dan l'eau d'argent qui la flétrit,
Une forme frêle frémit,
Pourpre remue avec lenteur.
On dirait comme une anémone,
La couleur du ciel la couronne,
Laisse une tache de pâleur,
V
Qui doucement comme un rêve de pierre
Etrangement d'une grande lumière,
Faisant rougir sa forme dans le vent;
Immensément d'une grande tristesse,
Immensément se lève et puis se baisse
Dans un sublime et large mouvement.
VI
Pâle on dirait sur l'océan une ombre,
Qui phosphorant comme une blancheur sombre,
En s'épanchant lente à s'épanouir,
Dans la lumière immense et violette
De la mer, fait la frêle marionnette
D'un papillon profond comme un soupir.
VII
Triste et multiplié dans les prismes du rêve,
Que fait en s'épanchant l'onde qui le soulève
Sur des cercles de nuit et d'immobilité,
Il ferme lentement dans l'eau rouge de sang
Sa grande aile de vie et d'éblouissement
Dans une naturelle et plastique unité.
VIII
Et l'immensité noire et sombre des soleils,
Fait rire rouge d'eau les étranges vermeils
Des pourpres papillons mourant comme les fleurs:
En circulation d'onde pâle d'écume,
Lentement, lentement, dans l'ombre se consume,
L'océan qui remue en vagues de rumeurs.
IX
Tout doucement dans un grand crépuscule
On voit brûler sur le jour qui recule,
En larme d'or son aile immensité,
Qui sous le ciel immense de couleur,
Voici pleurer éblouissante pleur,
En multitude à ce feu de clarté.
X
Pâle et sanglant, fixe, bleu sur le sable,
On voit briller sa mort inéluctable,
Dans l'océan s'inonder de soupir,
Comme un voilier d'ambre pâle de brume
Qui sous les feux de la nuit se consume
D'ombre de vie sous l'étrange mourir.
XI
L'immense nuit monte et s'avance,
Dans un sanglot lent de silence,
Large comme un océan noir,
Et feuillolante comme un feu,
Fait phosphorer dans le flot bleu,
Un papillon, chargé de soir,
XII
Qui devient éblouissement,
En lumineux scintillement
Bleu et semblable à l'infini,
Comme une goutte s'évapore,
Sous le soleil qui la colore,
Dans sa lumière s'abolit.
XIII
Au ciel brûlant comme un rêve,
En vent étrange il s'élève,
En rose d'obscurité,
Tel une ombreuse pâleur,
D'une immuable splendeur
Immense d'éternité.
XIV
Pâle de vie et de mort,
Fuyant dans le vide d'or
En anémone de nuit,
D'une étincelle d'argent
Dans le ciel de l'océan
Immense sur l'ombre fuit. . .